Les Communautés d'Inga Attendant des Décennies

Date: 
Tuesday, February 5, 2008

Votre Excellence, Monsieur le Gouvernour du Bas-Congo, 

En notre qualité d'un des ayants-droit et mandataire de tous les autres ayants-droit fonciers et coutumiers des terres d'Inga, nous avons l'honneur de vous présenter nos plaintes consécutives à l'exproporiation de nos terres par la Société Nationale d'Electricité (SNEL).

Devant une telle situation, vous auriez sans nul doute souhaité qu'un mémorandum soit écrit à votre intention. Par rapport au terme plainte, le terme mémorandum se définit comme étant une simple note contenant l'exposé sommaire de l'état d'une question. Or, notre démarche ne se limite pas à vous faire un simple exposé des faits, mais à vous impliquer dans ce dossier, si tant est que vous êtes notre dernier rempart, notre << Avocat >> de dernière chance.

En effet, c'est depuis 1958 que l'Adminstration coloniale de l'époque avait exporprié nos ancêtres du terrain situé sur la rive droite du fleuve Congo, dans la Province du Bas-Congo, précisément dans le site d'Inga, en vue de l'érection d'une importante centrale hydroélectrique, de dimension internationale.

Dans le cadre de la réalisation de cet important ouvrage, six clans furent dépossédés de leurs terres viagères claniques et ancestrales, et, de ce fait, privés de culture, de cueillette, d'exploitation du bois, des stickes et lianes, de pêche et de chasse, de passage, du bois de chauffrage et de cimitières. Il s'agit des clans suivants: MBENZA (57 ha), NUMBU (2,300 ha), GIMBI (4,811 ha), MANKUNKU (MANZI, ZALU et FUTILA: 3,535 ha), MANKUNKU (MANZI et ZALU: 3,593 ha).

Les indemnités à payer aux ayants-droit furent fixées, en 1958, à 781,600 Francs belges que ces derniers n'avaient pu percevoir suite au climat politque de l'époque concomitante avec la lutte pour l'octroi de l'indépendance à la République Démocratique du Congo.

Le vent de la décolonisation passé, l'indépendance acquise, nous avions, en 1969, écrit et demandé au Président de l'Institut d'Inga (Cfr: Lettre en annexe) le paiement de nos indemnités pour enquête de vacances ainsi que la signature d'un contrat d'emphytéose. Malheureusement, jusqu'à ce jour nous n'avons reçu aucune suite favorable.

Victimes d'une politique de mépris et de discrimination de la part de la SNEL, nous avions engagé un Avoca, en la personne de Maître NSEKA MANDENDI VITA du cabinet de Maître ALEVROFAS, qui avait porté l'affaire devant le Tribunal de Grande Instance à Kinshasa-Gombe. Tout compte fait, la SNEL nous avait dit de retirer notre plainte pour trouver un arrangement à l'amiable (Crf: lettre en annexe, lequel arrangement se fait toujours attendre.

Maintenant, nous pensons que l'occasion nous est donnée d'avoir comme interlocuteur plus que valable, un <<Avocat >> de dernière chance, Monsieur le Gouverneur de Province du Bas-Congo qui va se charger de notre dossier et accuser la SNEL, notamment pour:

1. Le paiement intégral du montant de 781,600 FB, au titre des indemnités d'expropriation (en tenant compte bien sûr du retard causé par la SNEL);

2. L'électrification immédiate de tous les villages de la périphérie d'Inga, en commençant par le village MANZI qui est à +/- 3 Km du poste de Kintata ainsi que tous les millages du territoire de SEKE-BANZA (voir notre demande d'électrification du village MANZI du 28/04/1994 par feu Ferdinand SONA, notre oncle);

3. Les engagements immédiats des enfants des Ayants-droit, en l'occurrence et prioritairement Messieurs MALANDA ARTHUR et MALANDA ANICET  (tous deux fils du D'elégué des ayants-droit) dont les dossiers moisissent dans les tiroirs des bureaux de la Direction des Ressources Humaines de la SNEL, depuis des lustres;

4. L'assistance aux ayants-droit dans les cas de maladies, de décès ainsi que dans la réalisation des actions liées au développement communautaire du terroir. Particulierement à ce sujet, les ayants-droit demandent à la SNEL de leur fournir du sable et des moellons qui abondent sur la berge des deux rives du fleuve Congo, chaque fois qu'ils en expriment le besoin:

5. Dans le cadre de la construction d'Inga 3 et 4, les ayants-droit de MANZI exigent la construction d'une cité moderne avec les hôpitaux, écoles, marché, cyber-café, l'eau et l'électricité, sur un endroit choisi par eux.

Cfr: Lettre de revendication écrite par le CEPECO et introduite à la Banque Mondiale et dont la copie a été transmise à votre Excellence.

S'agissant du contrat d'emphytéose, (Cfr: lettre du 22 juin 1970 du PDG de la SNEL), nous exprimons nos vifs regrets qu'une phase si importante et surtout déterminante pour l'avenir des ayants-droit soit passée sous notre silence. Néanmoins, nous ne pouvons nous empêcher de continuer à demander une part des bénéfices (en nature ou en espèces) réalisés par la SNEL à la fin de chaque année, tel que cela se fait dans d'autres sociétés d'Etat: la SOCIR à MUANDA, la MIBA au KASAÏ, la GECAMINES au KATANGA, et nous nous en passons. On aura fait justice.

Enfin, l'Honorable NGOMA DI NZAU qui nous lit en copie est appelé à conjuguer les efforts avec Monsieru le Gouverneur pour l'aboutissement heureux de nos démarches, sans oublier la collaboration avec le CEPECO et nos partenaires tant nationaux qu'internationaux.

En outre, nous mettons cette occasion à profit pour attirer votre attention sur le fait qu'un groupe de militaires venus de Kinshasa et Mataki ont dernièrement fait irruption dans notre village MANZI, et nous ont exigé de leur indiquer un endroit où ils doivent construire un camp militaire. Pour preuve, nous mettons à votre disposition le panneau et quelques blocs qu'ils ont abandonnés dans ma maison, et nous vous demandons de bien voulior les remettre aux autorités militaires de Matadi.

Sans flatterie aucune, Monsierule Gouverneur, force nous est de vous faire remarquer que c'est pour la première fois dans l'histoire de notre pays qu'un gouverneur de province abandonne le confort de ses bureaux climatisés pour rencontrer dans leurs recoins les populations de sa province qui sont dépourvues de tout moyen de défense.

En tout état de cause, nous prions pour que le ciel vous soutienne afin que vous continuez à appliquer cette politique de vie. Et, croyez-nous, Excellence, le moment venu nous nous en souveindrons.

Veuillez croire, Excellence Monsieur le Gouverneur, en l'expression de toute notre gratitude.

Mr. Simon Malanda 

Attached files: