Press Release l Le barrage d’Inga 3 risquerait de plonger la République Démocratique du Congo dans un endettement

Un nouveau rapport constate que la RDC risque de subir des pertes financières, et continuer dans la pauvreté énergétique si elle poursuit  le développement du projet hydroélectrique Inga 3. 

Mardi 27 juin 2017

POUR DIFFUSION IMMÉDIATE

Aujourd'hui, International Rivers a publié la première analyse approfondie de l’économie du projet hydroélectrique Inga 3 en République démocratique du Congo (RDC).

Rédigé par l'économiste britannique Tim Jones, "Endetté et a l’aveuglette", expose les défauts flagrants dans les hypothèses concernant la performance probable du barrage. Le rapport constate que Inga 3 plongera la RDC dans une situation de dette, en exportant l’énergie indispensable à l’extérieur du pays, alors que les citoyens Congolais recevrons trop peu ou pas d’énergie, tout en permettant aux investisseurs internationaux de récolter les bénéfices.

"Les revendications concernant les avantages d’Inga 3 sont énormément exagérées", explique Jones. "En fait, le barrage constituerait un énorme fardeau financier pour le gouvernement et le peuple congolais et fournirait peu ou pas d'électricité".

Dès le début, Inga 3 a été en proie à des hypothèses dangereusement optimistes par rapport a sa performance, y compris une puissance supérieure aux centrales les plus efficaces au monde, des dépassements de coût nul et des pertes de transmission irréalistes.

En se servant des donnes empiriques des performances des projets hydroélectriques similaires en Afrique et à l'échelle mondiale, Jones a testé les revendications des promoteurs concernant les avantages socioéconomiques d'Inga 3. Il a ensuite estimé  les performances potentielles du barrage dans une gamme de scénarios.

Ses résultats mettent en évidence les risques financiers graves associés au projet hydroélectrique Inga 3 qui devraient sérieusement inquiéter le gouvernement de la RDC, les citoyens Congolais, et les investisseurs potentiels.

"La RDC est l'un des pays les plus riches en ressources dans le monde, mais souffre d'une énorme pauvreté énergétique", explique Freddy Kasongo de l'Observatoire d'Etudes et d'Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale (OEARSE).

Emmanuel Musuyu de la Coalition des Organisations de la Société Civile pour le Suivi des Réformes et de l'Action Publique (CORAP), ajoute: «Malheureusement, cette étude montre que le barrage Inga 3 appauvrira encore la RDC sans fournir l'énergie dont nous avons tant besoin. »

L'analyse montre que dans les scénarios les plus probables, le gouvernement Congolais perdra de l'argent. Même avec des estimations assez prudentes des dépassements de coûts et des hypothèses généreuses de l'électricité générée, des prix de l'électricité et des taux d'intérêt bas, la RDC pourrait perdre 618 millions de dollars par année sur le projet, soit près de 22 milliards de dollars au cours de la durée de vie de 35 ans du barrage.

Ces pertes financières pourraient atteindre 1,5 à 2 milliards de dollars par année dans des conditions défavorables - jusqu'à 70 milliards de dollars sur la durée de vie du projet - en gonflant les niveaux d'endettement de la RDC et nuisant à sa santé économique à long terme.

"Non seulement Inga 3 n'aura pas de revenus, mais cela augmentera probablement le fardeau de la dette de la RDC", explique Rudo Sanyanga, directeur du programme Afrique de International Rivers. "Et cela n'entraînera pas l'accès à l’énergie nécessaire pour les citoyens congolais. Ce serait un investissement désastreux pour la RDC. "

Le projet vendra la grande partie de son électricité à l'Afrique du Sud et aux mines dans la region du Katanga. Le rapport constate que les pertes tout au long de celle qui sera la plus longue ligne de transmission du monde pourraient laisser très peu d’énergies aux mines, et avoir aucun effet sur la desserte de l’énergie du pays. Dans le scénario le plus probable, 88% de la puissance serait vendue en Afrique du Sud, ne laissant que 109 MW pour Kinshasa plutôt que les 1000 MW prévus. Dans le pire des cas, aucune énergie ne serait disponible pour la vente aux consommateurs à Kinshasa.

Les conclusions de l'étude de International Rivers montre que la RDC pourrait avoir un meilleur accès à l'énergie pour sa population si elle utilisait les fonds destinés à Inga 3 pour développer des micros barrages et capitaliser le potentiel du mix énergétique que regorge le pays. Un tel investissement permettrait à la RDC de générer suffisamment d'électricité pour augmenter l'accès d'environ 2,7 millions de personnes a travers le pays.

Kate Horner, directrice exécutive de International Rivers, déclare: «Si la RDC veut devenir un véritable leader économique qui définit un modèle d'accès énergétique en Afrique, elle devrait appuyer sur la touche pause du projet Inga 3 et explorer les solutions énergétiques qui peuvent faire une différence durable pour les congolais ".

International Rivers est une ONG internationale avec des bureaux sur quatre continents. Elle protège les rivières et défend les droits des communautés qui en dépendent.

Contact media

Rudo Sanyanga, Directrice Programme Afrique, International Rivers | rudo@internationalrivers.org | +27 76 842 3874

Josh Klemm, Directeur des Politiques, International Rivers | jklemm@internationalrivers.org | +1 202 492 8904

Emmanuel Musuyu, Secretaire Technique, CORAP | emmamus42@gmail.com | +243 81169 7699

Blandine Bonianga, Directrice executive, FESO | blandinesalimb@gmail.com +243 810943201

Freddy Kasongo, Secrétaire Exécutif, OEARSE  | fkasongo@maliyetu.org  | + 243 811 74 5442

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