Les ONG appellent à un moratoire sur la fonderie de BHP Billiton au RD Congo
Partout dans le monde, des organisations de la société civile appellent BHP Billiton à arrêter son projet de fonderie d’aluminium de 5 milliards de dollars et la construction associée du barrage Inga 3 pour 3,5 milliards de dollars en République Démocratique du Congo, l’un des pays les plus corrompus et pauvres du monde. La fonderie consommerait 2 500 MW, ce qui surpasse le total de la production d’électricité au RD Congo aujourd’hui.
Dans une lettre au Président de BHP Billiton, 14 organisations africaines et internationales demandent un moratoire sur le projet jusqu’à ce que le gouvernement congolais remplisse ses engagements en matière d’accès à l’électricité de ses citoyens.
On estime que 62 millions de congolais – 94% de la population – n’ont pas accès à l’électricité. Le gouvernement congolais a établi un objectif ambitieux de multiplication par 10 des taux d’électrification en 15 ans (jusqu’à 60% en 2015), mais sans expliquer comment il allait s’y prendre. En concentrant les efforts du secteur de l’énergie congolais sur le développement d’Inga 3, BHP Billiton pourrait faire échouer les efforts du pays en matière d’électrification, et ainsi nuire à ses efforts en matière de réduction de la pauvreté.
Les rares bénéficiaires de l’électricité souffrent de coupures de courant quotidiennes liées à l’état de délabrement du réseau électrique. Alors que des fonds sont disponibles, la réhabilitation de ce réseau traîne depuis 2003, sans réelle explication.
La lettre met en lumière les bénéfices économiques trompeurs du projet. La fonderie créerait très peu d’emplois par rapport à l’électricité qu’elle consommerait. Les contrats d’investissement et d’électricité restant secrets, il est fort probable qu’ils donnent des avantages indues à BHP Billiton, dont la population congolaise paierait le prix. D’autres exemples en Afrique révèlent ce genre de pratiques : la révélation de contrats de BHP Billiton pour des fonderies dans le sud de l’Afrique ont créé un scandale quand ils ont été publiées en avril dernier.
Terri Hathaway d’International Rivers explique : « L’une des plus riches entreprise au monde passé devant les populations les plus pauvres et leur droit au développement. L’indifférence de BHP Billiton pour les conséquences de ce type de comportement est alarmant. »
Le moratoire proposé par les ONG arrêterait l’implication de BHP Billiton dans Inga 3 jusqu’à la réhabilitation des barrages Inga 1 et 2 dont les performances sont encore très faibles, et jusqu’à ce que le gouvernement ait présenté un plan d’action pour atteindre ses objectifs d’électrification. Il demande également que BHP Billiton ne signe aucun accord financier pour Inga 3 ou la fonderie d’aluminium jusqu’à ce que le secteur énergétique congolais ait fonctionné de manière efficace pendant au moins deux ans après la réhabilitation de ses opérations financières et techniques.
Terri Hathaway, au Cameroun, +237 70 49 14 06