La Societé Civile Réclame Inga Sans la Corruption, Avec Bénéfice Local

Date: 
Friday, October 6, 2006

Declaration de la Societe Civile a la Table Ronde Internationale sur le Developpement Hydroelectrique du Site d’Inga

Johannesburg

Nous, les délégués des organisations de la société civile de cinq pays partenaires de WESTCOR, réunis ce jour à l’occasion de la Table Ronde Internationale sur le développement des projets hydroélectriques du site d’Inga;

Reconnaissant les besoins urgents de développement durable de l’Afrique et ayant à l’esprit le caractère stratégique du site d’Inga et sa contribution substantielle à l’intégration et au développement des Etats d’Afrique ;

Considérant en même temps que l’hydroélectricité est une des options multiples qui sont à la apportée des Etats africains et qu’il y a lieu de considérer aussi d’autres alternatives possibles pour satisfaire les besoins énergétiques du continent;

Tenant compte de tous les enjeux politiques, économiques, sociaux et environnementaux qui se rattachent au développement du site d’Inga;

Nous rappelant que l’hydroélectricité n’a pas toujours une histoire positive en ce qui concerne son impact social et environnemental en Afrique et que, par ailleurs, ses performances économiques ne se traduisent toujours pas en termes de développement humain et social;

Ayant présent à l’esprit que l’exploitation hydroélectrique en Afrique est constamment associée aux injustices sociales et environnementales, à l’instar de Kariba et Cahora Basa sur le fleuve Zambeze, de Inga I et II sur le fleuve Congo, de Kainji, Jebba et Shiroro, au Nigeria;

Ayant noté que la société civile et les communautés locales n’ont pas encore fait l’objet de l’attention toute particulière qu’elles requièrent à l’occasion des Tables Rondes comme celle-ci;

Rappelant les engagements souscrits par nos gouvernements respectifs dans le cadre des conventions internationales environnementales d’assurer la participation de toutes les parties prenantes intéressées, et notamment des organisations non gouvernementales et des communautés locales dans tout processus de prise de décision touchant aux ressources naturelles;

Conscients du rôle essentiel qui nous revient en tant que, d’une part, partenaires du gouvernement dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique énergétique nationale et, d’autre part, organisations d’appui et d’accompagnement des communautés locales dans la gestion et l’exploitation des ressources naturelles;

Reconnaissant que la Banque Africaine de Développement et la Banque Mondiale ont des politiques et un cadre de référence pour la consultation de la société civile et des communautés locales;

Nous rappelant aussi que la Conférence des Ministres Africains sur l’Hydroélectricité et le Développement Durable tenue à Johannesburg^en avait reconnu le rôle de toutes les parties prenantes, notamment de la société civile et des communautés locales dans les projets de développement du site d’Inga;

Tenant compte du fait que les priorités de la Table Ronde de Johannesburg mettent plus en évidence les aspects économiques et techniques du développement des projets Inga et ne s’appesantissent pas sur les mécanismes de contribution de ces projets dans la réduction de pauvreté, pourtant l’un des objectifs les plus affirmés du Millénaire;

Soucieux de voir le développement des projets INGA être mis à contribution dans la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations, par la réalisation des infrastructures à caractère social, culturel et économique;

RECLAMONS QUE:

  • Toute planification des travaux ultérieurs d’expansion sur le site d’Inga tienne compte des droits fonciers traditionnels des communautés locales ayant droit du site d’Inga et, en conséquence, donne lieu à réparation des injustices sociales passées aussi bien à l’endroit des communautés locales ayant droit et des populations d’anciens travailleurs habitant le camps dit Kinshasa, dans la concession Inga; populations à ce jour sommées de quitter les lieux, sans aucune compensation;
  • Les communautés pouvant être affectées par le développement ultérieur du site d’Inga reçoivent une réparation correspondante;
  • Les besoins sociaux et en énergie des communautés locales soient satisfaits par le biais des projets et des programmes d’habitat, d’infrastructures routières et d’électrification ruraleainsi que par la mise sur pieds des mécanismes tels que le cahier des charges de l’investisseur, la rétrocession d’une quotité des revenus générés par l’hydroélectricité, etc;
  • Les organisations de la société civile environnementale soient reconnues comme un des partenaires clés dans la planification et la mise en œuvre de la politique énergétique de la RDC; et ce, à tous les niveaux et à tous les échelons territoriaux;
  • Que soit mis sur pieds un cadre de participation de la société civile environnementale et des communautés locales affectées par le développement du site d’Inga;
  • Les organisations de la société civile environnementale soient impliquées dans toutes les phases ultérieures du développement des projets du site d’Inga, pour leur permettre, en toute connaissance de cause, de faire le monitoring sur les investissements projetés et le lobbying par rapport aux intérêts nationaux et communautaires;
  • Dans le cadre du renforcement des capacités de la société civile et du transfert des technologies et des compétences, toutes les études d’évaluation environnementale et sociale mises en œuvre par les bureaux d’études internationales dans le cadre du développement du site d’Inga associent l’expertise locale des organisations de la société civile, plus averties des questions d’intérêt national et local;
  • La corruption soit enrayée dans la gestion des revenus générés par l’exploitation hydroélectrique du site d’Inga, en assurant la plus grande transparence dans le système de perception des recettes, de leur redistribution et de leur affectation;
  • La construction de grands barrages en Afrique soit suivie des recommandations de la Commission Mondiale sur les Barrages;
  • La recherche et les investissements soient aussi orientés sur les technologies des énergies renouvelables et durables pour satisfaire les besoins en énergie du continent;
  • Les grands barrages soient exclus de la liste de subventions accordées aux énergies renouvelables.

Enfin, lançons an appel solennel à nos gouvernements respectifs de partager équitablement les coûts de l’exploitation de ces barrages ainsi que les revenus qui en résulteront, et d’assurer la plus grande transparence dans la gestion de ces revenus et des informations y relatives.

Fait à Johannesburg, le 06 Octobre 2006

Pour la RDC: Avocats Verts

CEPECO

REPEC

Représentants des Communautes Locales du Site d’Inga

Pour l’Angola: Jubilee Angola

Pour l’Afrique du Sud : Earthlife Africa eThekwini