Les Barrages d'Inga Tiennent en Otage l'Avenir Energétique du Congo

By: 
Peter Bosshard
The Inga 1 and 2 dams on the Congo River

La Banque mondiale et les représentants du gouvernement estiment que le projet Grand Inga proposés sur le fleuve Congo est un «rêve pour l'Afrique», et qui pourrait électrifier l'ensemble du continent à faible coût.  Par contre, le plus grand projet hydroélectrique du monde risque de se transformer en un cauchemar qui exclus les meilleures solutions et pousse le secteur de l'énergie à aller à vau-l’eaux.

En Mars 2014, la Banque Mondiale a approuvé une subvention de 73 millions de dollars pour aider la République Démocratique du Congo à préparer le projet Inga 3, la première étape du géant complexe Grand Inga sur le fleuve Congo. Au cours de cette période, la Banque africaine de développement avait déjà dépensé plus de 50 millions de dollars pour des rapports de faisabilité du barrage Inga 3. À 4800 mégawatts, Inga 3 serait le plus grand projet hydroélectrique de la Banque mondiale. Il sera composé d'un canal sur le fleuve Congo, un barrage de 100 mètres, d’une centrale hydroélectrique et de lignes de transmission (de 3400 km de longueur) jusqu’en Afrique du Sud.

En effet, Inga 3 devrait commencer à produire de l'électricité en 2021, et la cérémonie d'inauguration était prévue pour Octobre 2015. Pourtant, un an dans le projet, les rêveurs à la Banque mondiale prennent conscience de la réalité des méga-barrages. En mi-2015, le gouvernement Congolais était censé créer une agence spéciale pour la réalisation du projet ; Les consultants devraient compléter les plans d'action de réinstallation. Un consortium privé à investir dans le projet aurait dû être sélectionné ; et les négociations pour les accords de concession et de pouvoir d'achat devraient déjà être en cours.

A ce jour, rien de cela ne s’est réalise. Parmi les trois consortiums qui ont été sélectionnés pour la ronde d'appel d'offres final pour le projet, deux étaient non admissibles pour raison de corruption et autres malversations. Et après un processus de faisabilité qui a déjà duré près de cinq ans, les sociétés d'ingénierie ont récemment recommandé que le site du barrage soit déplacé en raison de conditions géologiques défavorables.

Etant donne que l'histoire des barrages Inga 1 et 2, construits dans les années 1970 et 1980, rien de tout cela n’est surprenant. Un excellent compte rendu intitulé, La rivière qui avale tous les barrages, le barrage d'Inga 2 a été propagée comme une source d’électricité la plus moins chère dans le monde entier, mais a fini par générer une des plus chère électricité. Pour raison des retards exorbitants et les dépassements de coûts, le projet a été un facteur majeur dans la crise de la dette Congolaise.

Les barrages  d'Inga 1 et 2 n'ont  jamais généré de l'électricité à pleine capacité. En 2003, la Banque Mondiale s’est engagé à réhabiliter les centrales négligées et leurs lignes de transmission à un coût de 200 millions de dollars. Douze ans plus tard, les coûts ont plus que quadruplé, et le travail est loin d'être complet. Les mises à jour récentes de la Banque mondiale montrent que jusqu'à présent, uniquement 1 de 14 turbines des deux usines a été entièrement rénovée. Des nouveaux consommateurs n’ont pas encore été connectés aux réseaux électriques. Dans le cadre du projet de transport, 286 km de nouvelles lignes ont été construites, mais aucune des 4000 km de lignes existantes n’ont été réhabilitées.

Il va sans dire que, Inga 3 et le Grand Inga (avec près de 13.000 kilomètres de nouvelles lignes de transmission) seront incomparablement plus complexe que la réhabilitation de l'infrastructure existante de l’énergie en RDC. «Si nous sommes aux prises avec un projet de 5000 mégawatts, comment allons-nous décoller un projet de 100.000 mégawatts?» le responsable d’une mission « tentative de lancer le projet Inga 3 » a fait la remarque suivante «Peut-être c’est une façon de la mère nature de dire ne venez pas nous déranger.»

Heureusement, des alternatives concrètes aux méga-barrages sur le fleuve Congo existent. La RDC dispose d'un grand potentiel hydroélectrique des barrages a petite et moyenne échelles qui sont plus efficaces pour fournir de l'énergie aux pauvres, ont une empreinte sociale et environnementale modeste et peuvent être construits plus rapidement. Les petits projets hydroélectriques génèrent déjà l’électricité dans l'Est du Congo, et les projets de taille moyenne tels que Zongo 2 sont en construction dans diverses parties du pays.

L'Afrique subsaharienne a aussi un énorme potentiel de l'énergie solaire et éolienne, y compris à travers la frontière de la RDC en Angola. Ces projets peuvent être développés dans deux à trois ans. En effet, la centrale de charbon de Medupi en Afrique du Sud qui a couté plusieurs milliards de dollars et qui a été approuvé par la Banque mondiale en 2010 connaît des retards massifs, tandis que les centrales éoliennes qui faisaient aussi partie du projet ont déjà commencé à produire de l'énergie. Tels projets pourraient déjà bénéficier à la population congolaise si au lieu de Inga 3, tel qu'il était promu par les banques de développent.

Le problème est que l'intérêt marqué par la Banque mondiale et le gouvernement sur les méga-barrages absorbe toute la volonté politique, la capacité de gestion de l'argent dans le secteur de l'énergie Congolaise. Les barrages d'Inga sapent les chances d'autres projets à avancer. Puisque la SNEL est confrontée à d'énormes problèmes financiers avec Inga 2, la Banque d’Exim de Chine a par exemple cessé ses décaissements de prêts pour le Barrage Zongo 2, et le projet de 150 mégawatts est en arrêt depuis novembre 2014.

Ce que la Banque mondiale considère comme «un rêve pour l'Afrique», le Financial Times considère «un des plus grands éléphants blancs de l'Afrique». D'autres le considère un cauchemar, un rêve humide, et «un mirage chatoyantes hors de portée». Il est temps que la Banque mondiale et le gouvernement congolais adoptent des solutions plus réalistes et cessent de maintenir la population congolaise en otage à leurs rêves de plusieurs milliards de dollars.

Date: 
Wednesday, June 10, 2015